La mort et l’au-delà

Ceux qui ont lu Les sept Principes de l’homme savent que le double éhérique est le véhicule de Prâna, le principe de vie, ou vitalité.

C’est par le double éthérique que Prâna, comme nous l’avons dit plus haut, contrôle et coordonne les vies inférieures, et c’est lorsque le double éthérique a quitté le corps, et que le dernier lien fragile qui l’unissait à ce dernier est brisé, que la « Mort » en prend triomphalement possession.

Ce procédé de retrait a été observé et décrit d’une manière définitive par plusieurs clairvoyants. André Jackson Davis, « le voyant de Poughkeepsie », raconte les observations qu’il a faites sur cette fuite du corps éthérique et décrit comment il a vu le fil magnétique ne se rompre que trente-six heures après la mort apparente.

D’autres ont décrit, dans les mêmes termes, comment ils ont vu un léger brouillard violet s’élever du cadavre, se condenser graduellement, prendre une forme exactement semblable à celle de la personne qui venait d’expirer, et rester liée à cette personne par un fil étincelant.

La rupture de ce fil signifie que le dernier lien magnétique entre le corps physique et les autres principes de la constitution humaine est brisé. L’homme s’est dépouillé de son corps.

Délivré de la chair, il est désincarné ; six principes lui restent encore, qui forment sa constitution, après que le septième, ou corps dense, ait été abandonné comme un vêtement usé.

On pourrait dire, en effet, que la mort dévêt l’homme peu à peu ; que sa partie immortelle se dépouille de ses formes extérieures, l’une après l’autre, comme le serpent se débarrasse de sa peau, comme le papillon sort de sa chrysalide, et que, passant ainsi d’un état à l’autre, il atteint un degré de conscience plus élevé.

De plus, c’est un fait bien constaté que, même pendant la vie terrestre, on peut abandonner le corps physique et passer soit dans le véhicule appelé corps du désir, corps kâmique ou astral, soit dans le corps plus éthéré encore de la Pensée, tout en conservant une pleine conscience ; de sorte que l’homme peut se familiariser avec l’état de désincarnation, et chasser la
terreur qui entoure l’inconnu.

Il peut, pendant qu’il est dans l’un ou l’autre de ces véhicules, se reconnaître comme être pensant, et se prouver ainsi, à sa propre satisfaction, que la « vie » ne dépend pas de ses fonctions à travers le corps physique.

Pourquoi un homme, parvenu à quitter ainsi à volonté ses corps inférieurs et ayant constaté que ce fait amenait, non l’annihilation de sa conscience personnelle, mais une liberté et une intensité de vie infiniment plus grandes, pourquoi cet homme devrait-il craindre la rupture définitive de ses chaînes, et la libération finale de son Ego immortel de la prison de la chair ?

Ce point de vue de la vie humaine fait partie essentielle de la
philosophie ésotérique. L’homme est primitivement un être divin, une étincelle de la vie Divine.

Cette flamme vivante, passant à travers le feu central, se revêt elle-même de différentes enveloppes, et s’en fait des demeures passagères, devenant ainsi la Triade, – Atmâ-Buddhi-Manas, – le reflet du Moi immortel.

De cet Ego émane un rayon qui pénètre dans la matière grossière, dans le Corps des désirs ou éléments kâmiques, – la nature passionnelle, – et aussi dans le corps physique et dans le double éthérique.

L’intelligence immortelle, jadis libre, mais gênée à présent par les liens matériels qui l’enchaînent, travaille péniblement et laborieusement à travers les enveloppes qui la recouvrent.

Dans son for intérieur, elle demeure toujours le libre oiseau du Ciel, mais ses ailes sont liées par la matière dans laquelle elle est plongée.

Quand l’homme reconnaît sa nature réelle, il apprend à ouvrir de temps en temps les portes de sa prison et à s’en échapper.

D’abord, il apprend à s’identifier avec la Triade immortelle et à s’élever au-dessus du corps et de ses passions, dans une vie purement morale et mentale. II découvre alors que le corps, quand il est dompté, ne peut plus le retenir prisonnier, et tirant les verrous de sa prison, il s’élance dans la radieuse et véritable vie de l’âme.

Aussi, lorsque la mort, à son tour, vient lui rendre la liberté, il sait dans quel pays elle le mène, puisque, de sa propre volonté, il en a déjà parcouru les différents sentiers.

Et, finalement, il apprend à reconnaître ce fait d’importance capitale, que la « Vie » n’a rien à faire avec le corps physique, ni avec le plan matériel ; que l’existence vraie consiste dans la conscience intime qu’on a de son existence, et que cette vie-là n’est jamais interrompue, qu’elle ne saurait l’être, et que les courts intervalles pendant lesquels l’homme demeure sur la terre ne sont qu’une fraction infinitésimale de son existence spirituelle.

Annie Besant